top of page

Désirs / Besoins des autres
"Correspondre" selon Alice Miller

Extraits de « L’avenir du drame de l’enfant doué… »
La pensée d'Alice Miller nous éclaire ici parce qu'elle met en lumière la manière dont certains enfants sont contraints très tôt d'adopter des "cuirasses"...

« L’adaptation précoce du nourrisson contraint l’enfant à refouler ses besoins d’amour, de respect, de compréhension, de sympathie et le besoin de trouver un écho et un miroir. Il lui faudra, de même, réprimer ses réactions émotionnelles à des rejets graves, ce qui conduit l’enfant, puis l’adulte, à l’impossibilité de vivre certains de ses sentiments, tels par exemple la jalousie, l’envie, la colère, la peur, le sentiment d’abandon ou d’impuissance…
 
Les enfants ont développé tout un art d’écarter leurs sentiments, car un enfant ne peut vivre ceux-ci que lorsqu’il y a quelqu’un qui l’accepte avec ces sentiments-là, le comprend et l’accompagne.
 
Quand il est privé de cette présence protectrice, quand l’enfant doit risquer de perdre l’amour de sa mère ou son substitut, il ne peut vivre pour « lui seul », en secret, ses réactions émotionnelles, fussent-elles les plus naturelles. Il doit les refouler. Mais elles restent stockées dans son corps, sous forme d’informations…
 
Si Kurt, enfant, avait pu s’exprimer quand sa mère le décevait, c’est à dire manifester ses sentiments de rage et de colère, il serait resté "vivant". Mais il aurait perdu alors l’amour de sa mère, ce qui pour un enfant équivaut à la mort. Pour garder sa mère, il a « tué » sa colère, et du même coup une partie de son âme…
 
Et tout le reste de sa vie, ces sentiments pourront resurgir, en manière de rappel du passé. Mais le contexte originel lui demeurera caché. Il ne pourra le décrypter que s’il parvient à relier la situation originelle aux sentiments intenses vécus actuellement.

 

Les nouvelles méthodes thérapeutiques de mise à jour partent de cette loi et nous permettent d’en tirer parti…
 
Tous les sentiments d’impuissance, de colère et d’abandon sont vécus dans la thérapie avec une intensité qui, auparavant, aurait été inconcevable. Ils ouvrent lentement la porte, jusque là verrouillée aux souvenirs refoulés. On ne peut se souvenir que des choses vécues consciemment. Mais le monde affectif d’un enfant blessé dans son intégrité est déjà le résultat d’une sélection qui en a exclu l’essentiel. C’est seulement dans la thérapie que ces sentiments originels, qui s’accompagnent de la souffrance du petit enfant incapable de comprendre, sont pour la 1° fois vécus consciemment.
 
Pour se défendre du sentiment d’abandon vécu dans la petite enfance, l’adulte dispose d’un grand nombre de mécanismes. A côté du simple déni, nous trouvons le plus souvent le combat perpétuel, épuisant, pour assouvir les besoins refoulés, et depuis lors pervertis, à l’aide de symboles : drogues, groupes, cultes de toutes sortes, perversions. Les intellectualisations sont également fréquentes…
 
Un enfant est disponible. Il ne peut même pas nous fausser compagnie, comme notre mère l’a fait autrefois. Un enfant, on peut l’élever de manière à ce qu’il devienne tel qu’on le voudrait. Un enfant peut vous offrir du respect, on peut lui imposer ses propres sentiments, on peut se mirer dans son amour et son admiration, on peut à ses côtés se sentir fort… le confier quand il vous encombre, on se sent enfin au centre de l’attention… Quand une femme n’a trouvé auprès de sa mère nulle réponse à se besoins, a dû les réprimer et les refouler, une fois qu’elle aura à son tour un enfant, ces besoins resurgiront des profondeurs de son inconscient et chercheront à obtenir satisfaction. L’enfant le sent clairement et renonce très tôt à exprimer sa propre détresse.
 
L’adaptation aux besoins parentaux conduit souvent au développement d’une « personnanlité-comme-si » (faux-soi)… L’enfant se conduit de manière à montrer que ce que l’on attend de lui et il s’identifie complètement avec cette apparence. Son vrai Soi ne peut se développer et se différencier car il ne peut être vécu (sentiment de vide). Ce vide est réel. Il s’est produit un tarissement, un appauvrissement, un étouffement partiel de leurs possibilités. L’enfant a été blessé dans son intégrité, et cela l’a amputé de sa spontanéité, de son élan vital.
 
A chaque fois, il est quasi miraculeux de voir que, derrière les faux-semblants, le déni, l’aliénation à soi, tant de nous-même a pu survivre et vient au jour une fois que nous avons trouvé l’accès à nos sentiments.
 
Mais vivre sa propre vérité nous permet à un niveau adulte, de retrouver notre propre monde affectif – sans paradis – mais avec la capacité de sentir et de vivre nos émotions, qui nous rendra notre élan vital, et nous aidera à nous repérer…


Le vrai Soi peut renaître à la vie, grâce à la capacité de sentir reconquise."

bottom of page